Le pas dans l’herbe.

Les prés s’ouvrent encore sous mes paupières.

Un ballon file entre les herbes folles,

les osselets tintent dans la cour de récréation,

et les cabanes dans les bois

gardent l’odeur du feuillage vert et des serments murmurés.

Le gravier chante sous les pas d’un souvenir,

les genoux râpés, les poches pleines de rien,

et ce rien, pourtant, pesait d’or.

Les jours ont glissé sans heurts,

comme l’eau sur les pierres lisses.


Quarante ans —

et pas un mot, pas un regard,

juste le silence qui s’est fait meuble.

Puis un souffle,

à peine une rumeur dans la voix d’un autre,

et ton absence s’est levée

comme une brume sur le seuil.

Depuis, il y a un manque sans nom,

posé sur l’oreiller de mes rêves,

et dans le vent du soir,

je crois parfois entendre un pas

qui hésite à revenir.

Ce pas

C’était toi, Éric.

Joel Charvillat